Grand classique du groupe Octobre, la chanson « La maudite machine », écrite et composée par Pierre Flynn sera intronisée au Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens le samedi 6 mars à 21h lors de l’émission Belle et Bum sur les ondes deTélé-Québec en présence de l’auteur-compositeur et des membres du groupe.
« C’est avec une très grande fierté que nous intronisons et célébrons cette emblématique et immortelle chanson qui a marqué toute une génération de Québécois » a déclaré Vanessa Thomas, la directrice générale du Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens.
Composée par le claviériste Pierre Flynn alors qu’il étudiait en Lettres au CEGEP St-Laurent à l’automne 1971, « La maudite machine » fut d’abord présentée à son ami bassiste Mario Légaré, puis finalisée en début de 1972 pour ensuite être endisquée la même année. Le premier disque d’Octobre paraît en 1973 et l’album entre dans les palmarès le 22 septembre de cette année-là pour une durée de six semaines, atteignant la treizième position.
Pierre Flynn (claviers), Mario Légaré (basse), Jean Dorais (guitare) et Pierre Hébert (batterie) ont lancé le disque éponyme sur lequel figure La maudite machine, réalisé par Bill Hill avec un budget de 3,000 dollars.
« À la base, nous étions des ti-culs qui voulaient faire du rock’n’roll » confie Flynn. « On fonçait et on découvrait la musique, faut dire que j’ai eu de la chance d’avoir à mes côtés trois musiciens aussi créatifs et investis dans le son du groupe. Sur la première maquette d’Octobre, il y avait trois chansons en anglais et trois en français. On a basculé vers le français, après le virage rock de Charlebois, ça devenait un appel puissant. Offenbach, Les Séguin étaient là, Harmonium et Beau Dommage allaient arriver l’année suivante, et il y avait dans ma génération de musiciens le goût de construire un rock québécois qui n’aurait pas trop à rougir en comparaison aux groupes qu’on admirait. Il y avait donc une place à prendre. »
Le contexte social qui a mené à l’écriture de « La maudite machine » est tendu: grève du Front commun des syndicats, le climat politique de l’époque, toute une génération fut interpellée: « J’avais seize, dix-sept ans et je commençais à sortir de ma coquille pour voir que la vie des gens n’était pas toujours rose, que l’injustice et l’exploitation, ça existait. Plus tard je me suis senti un peu imposteur d’avoir écrit ceci. En avais-je seulement le droit, moi qui n’avais pas connu la misère? Puis j’ai compris, dans le tapage général de cage brassée qu’on entendait alors, que j’étais l’antenne d’une chanson qui devait s’écrire de toute façon, une chanson juvénile et maladroite par bouts, mais que je n’ai aucune envie de renier aujourd’hui ».
« La chanson a tourné très peu à la radio, peut-être parce que c’était trop révolté, on a toutefois vite senti l’impact autour de nous, surtout la réaction du public en spectacle. La maudite machine était devenu le point culminant, les gens l’attendaient. Elle est devenue emblématique, c’est vrai ».
Flynn raconte le processus de création: « j’écris presque toujours la musique d’abord. J’ai pondu le texte assez vite, parce qu’il fallait produire une maquette. Ensuite, je suis arrivé au local de répétition avec tous les éléments de la chanson, la mélodie que j’ai composé au piano et le texte. Ce n’était pas conventionnel d’insérer un bout un peu doux et sentimental au milieu d’une chanson rentre-dedans. Mais j’étais foncièrement autodidacte, je ne connaissais pas les règles et j’y allait à l’instinct. J’ai pris des cours de musique seulement APRÈS le premier album! ».
Pierre Flynn possède toujours le manuscrit de « La maudite machine »: « Il y a plein de ratures, je n’avais pas encore de dictionnaire de rimes », se rappelle-t-il, avec un peu d’autodérision. Si la version finale de la chanson dure 4 min. 02 sec., les premières versions répétées ensemble de « La maudite machine » pouvaient dépasser les huit minutes!
Après la séparation d’Octobre, il entreprend une carrière solo en 1984 mais préfère éviter de chanter sa mythique chanson en spectacle question de démarquer les deux carrières. « La maudite machine » est aujourd’hui réservée aux grandes occasions comme au Festival en chanson de Petite-Vallée en 2006 lors d’une réunion surprise d’Octobre où lors de la Fête nationale du Québec en 2014.
Pierre Flynn a aussi écrit des chansons pour Pauline Julien, Diane Dufresne, Louise Forestier et Renée Martel en plus de composer des musiques originales pour le cinéma, la danse et le théâtre. En 2015, son plus récent disque, Sur la Terre est publié.
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