ABONNEZ-VOUS À NOTRE INFOLETTRE POUR DES MISES À JOUR EXCLUSIVES SUR LES NOUVELLES INTRONISATIONS ET LES CÉRÉMONIES À VENIR
Retourner

Sarah McLachlan parle de l’écriture de chansons, des moments clés de sa carrière, et de son intronisation au Panthéon des auteurs compositeurs canadiens.

Nouvelles du PACC

Par Karen Bliss | 16 octobre 2024

« J’ai le boulot le plus ridicule au monde », lance Sarah McLachlan en riant au sujet de la carrière qui lui a permis d’écrire et de chanter des chansons pour gagner sa vie. L’autrice-compositrice-interprète et pianiste de 56 ans établie à Vancouver est reconnue mondialement pour ses succès tels que « Angel », « Building a Mystery », « Into The Fire », « Possession », « Sweet Surrender » et « I Will Remember You » et elle a été intronisée au Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens en septembre 2024 lors d’une cérémonie au Massey Hall de Toronto. 

 Cette année, elle a fait un retour en force avec une tournée de 30 spectacles à guichets fermés partout au Canada et aux États-Unis pour célébrer le 30e anniversaire de la sortie de son album phare, Fumbling Towards Ecstasy. Fin octobre 2024, elle remettra ça avec de nouvelles dates d’un océan à l’autre en commençant par quelques spectacles aux États-Unis et en terminant le 20 novembre à Victoria, en Colombie-Britannique. 

 Karen Bliss s’est entretenue avec McLachlan au sujet son travail « ridicule », de la façon dont écrire des chansons l’aide à mettre de l’ordre dans son « fouillis », de son organisme à but non lucratif, la Sarah McLachlan School of Music, de la vente d’une partie de son catalogue de chansons et de l’impact de Lilith Fair, le festival de musique révolutionnaire qu’elle a créé à la fin des années 90 (1997-1999, 2010) et qui mettait en vedette uniquement des femmes. 

Tu as remporté des Grammys et des JUNOs et tu as été admise à l’Allée des célébrités canadiennes et au Panthéon de la musique canadienne. Qu’est-ce qui est différent pour toi à propos de ton intronisation au Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens? Est-ce que c’est parce que c’est pour souligner ton œuvre en tant qu’autrice-compositrice?  

Eh! bien, c’est certainement un honneur. Tous ces prix et ces honneurs sont fantastiques, mais ça n’est pas pour cette raison qu’on fait ce métier. Mais c’est vrai que recevoir cet honneur pour ce qui a occupé une si grande partie de ma vie me rend très fière et, je vais être très honnête, c’est vraiment chouette [rires]. 

C’est vraiment unique comme façon de gagner sa vie. Quand tu repenses à depuis combien de temps tu fais ça, c’est quand même un boulot un peu étrange, non?  

C’est ridicule. Honnêtement, j’y pense presque chaque jour et quand on me parle de ça, tout ce que je peux dire c’est « j’ai le boulot le plus ridicule au monde ». C’est difficile pour moi d’appeler ça un boulot parce que je me trouve tellement chanceuse. C’est quelque chose que j’adore totalement faire.  

Peut-être pas l’écriture, à dire vrai. Je ne peux pas dire que j’adore ça. C’est nécessaire et pour moi c’est un exutoire, c’est purificateur. Ç’a toujours été ma façon de faire le ménage dans mon fouillis intérieur et les défis de la vie et faire de la musique et chanter à propos de tout ça me permet, comme je dis, de m’y retrouver. 

Tu aimes la scène plus que la création?  

 La scène c’est la cerise sur le sundae. C’est le point culminant de tous les efforts que j’y consacre. Personnellement, je me sens très seule quand j’écris. Tu te sens isolée, mais c’est essentiel pour moi d’être calme, d’avoir l’esprit ouvert et d’être en paix – ou pas [rires] – pour arriver à écrire. J’ai un cerveau très bruyant [rires]. Bref, ça me prend ça pour aller de l’avant et arriver à une chanson de laquelle je suis satisfaite. Mais après, la chanter sur scène est ce qui me remplit de joie, c’est une immense satisfaction.    

On me demande souvent si je me retrouve au même endroit que quand je l’ai écrite quand je chante une chanson qui est lourde de sens ou triste, mais ce n’est pas du tout le cas. Oui, je suis là et je la chante avec toute l’émotion nécessaire, mais ce que je ressens, c’est la joie de la chanter, d’exprimer cette émotion et de me sentir mieux à propos de cette situation. 

Ton dernier album remonte à 2016 avec Wonderland. Quand je t’ai vue au Budweiser Stage, tu as chanté une nouvelle chanson en rappel, « Gravity ». Tu as évidemment écrit d’autres chansons, mais est-ce que l’écriture est une façon de régler certaines choses, un peu comme écrire une lettre à une ex et la brûler, comme on suggère de faire? Est-ce que tu fais aussi ça, écrire une chanson pour te vider le cœur avant de te dire « personne ne va jamais entendre ça ».

Certainement, il y en a eu quelques-unes. C’est drôle, j’avais presque terminé mon nouvel album, je sentais que j’avais un assez bon corpus de chansons pour commencer à travailler sur un album et j’en ai fait écouter plusieurs à mon producteur, et il était comme « Nope, non, non ». Il me disait des trucs comme « tu as déjà parlé de ça dans telle chanson », « Celle-là est vraiment solide » ou « Celles-là c’est du pareil au même ». Ou encore « T’as vraiment envie de raconter cette histoire-là encore une fois? » Et franchement, dans ma tête je me disais « je n’ai plus vraiment envie de raconter cette histoire, c’est rendu vraiment dépassé. » 

Sauf que n’empêche ce sont ces chansons-là que j’ai en main à ce moment-là. Et il continue, « ces chansons ne sont pas si bonnes ». Dieu le bénisse, il est très direct [rires] et j’étais comme « tu as raison, c’est ça le pire ». Ça voulait quand même dire qu’il fallait que je retourne plancher sur de nouvelles chansons, ce que j’ai fait et je suis très fière de ces chansons. Ç’a juste pris un peu plus de temps. 

Bref, oui, je finis par me retrouver dans un endroit où j’ai besoin de me vider le cœur et il y a des trucs sur lesquels j’avais besoin d’écrire parce qu’il y a eu beaucoup de réflexion. Mais voilà, maintenant que je suis si loin de l’autre côté de ce processus, je suis comme « OK, ça m’ennuie tellement tout ça. Je ne veux plus entendre parler de cette histoire et de cette partie de ma vie, je n’ai vraiment pas besoin d’y repenser. » 

 De toute évidence, tu as une excellente relation avec ton producteur pour qu’il puisse te dire des trucs comme ça. Il y a des personnes qui pensent que ce qu’elles font est brillant et d’autres qui pensent que ce qu’elles font est pourri jusqu’à ce que quelqu’un leur dise que c’est bon, et tu te dis « Hmm, oh, OK ». 

Je pense que c’est une approche plus saine [rires].  

De penser que c’est pourri? [rires]? 

 Je pense que je serais insupportable si j’avais l’impression que tout ce que je fais est brillant. La majorité des gens qui pensent comme ça le sont [rires]. Tu as raison. Peut-être pas que c’est pourri, mais plus dans le genre « j’ai fait de mon mieux… » 

Tu sais, en toute honnêteté, c’est la première fois que je me sens réellement fière de ces chansons. Je pense sincèrement que j’ai fait un vraiment bon travail. Peut-être que c’est mon âge ou peut-être que c’est juste le point où je suis rendue dans ma vie, mais ce prix arrive juste au moment où je me dis « c’est la première fois depuis quelques années où je suis vraiment fière de ce que j’ai fait, de ce que j’ai accompli, et de l’ensemble de mon travail, et c’est correct. » 

J’ai toujours ressenti intensément le syndrome de l’imposteur et j’ai tout le temps l’impression que je pourrais toujours faire mieux et que j’ai quelque chose d’autre à dire et que ce sera quelque chose que j’aime et, j’espère, que les autres aimeront ça, parce que c’est une écriture très égoïste, à mon avis. Je ne fais pas ça pour qui que ce soit d’autre.  

 Un documentaire sur Lilith Fair sortira l’année prochaine et il va se pencher sur l’impact de cet événement en se basant sur l’article de Vanity Fair, qui était très intéressant à lire. Que penses-tu que ce festival nous a laissé en héritage et ensuite, je vais te donner quelques statistiques récentes. 

 Eh bien, pour moi, l’héritage le plus évident est le continuum du don. J’ai pris tout l’argent que j’ai gagné avec Lilith et je l’ai mis dans une fondation. J’ai créé la Sarah McLachlan School of Music, un programme de musique et de mentorat entièrement gratuit à Vancouver. Après, on a créé des écoles à Surrey et à Edmonton. Il y a plus de 1100 enfants par an, et c’est entièrement gratuit, depuis 22 ans maintenant. J’ai créé un fonds de dotation. Je viens d’y mettre 4 millions de dollars, pour atteindre 30 millions de dollars, afin que les écoles puissent être relativement autonomes parce que je continue à collecter des fonds et à faire des concerts activement et à mettre de l’argent dans l’école chaque année. Mais si je me fais frapper par un bus demain, c’est vraiment difficile à maintenir. C’est pourquoi on travaille activement à bonifier le fonds de dotation. 

Le fait que plein de jeunes ont maintenant la possibilité d’avoir un programme de musique solide dans leur vie, comme j’en ai eu la chance quand j’étais petite, et c’est ce qui m’a sauvée, en passant, d’avoir la musique dans ma vie très tôt, et savoir que je pouvais compter sur quelque chose qui était comme un médicament et un réconfort pour moi, ç’a n’a pas de prix. C’est vraiment un héritage majeur.  

Je pense aussi que nous avons montré à beaucoup de jeunes femmes dans le monde, qu’elles soient intéressées par la musique ou autre chose, que les femmes peuvent faire tout ce qu’elles veulent. On peut poursuivre le rêve complètement fou d’être une musicienne et même devenir super populaire.  

Je pense que montrer aux jeunes femmes qu’on peut y arriver, surtout quand l’industrie essayait de nous garder petites et marginalisées avec des mentalités comme le fait qu’on ne peut supposément pas faire jouer deux chansons par des femmes une après l’autre à la radio ou qu’on ne peut pas confier sa première partie à une femme… En plus, il y a toujours eu ce clivage et cette compétition qui ont été créés pour les femmes dans n’importe quelle industrie, et elles se battent encore pour une petite part du gâteau. Une des choses que je veux vraiment clarifier, c’est que ce n’est pas nous qui faisons ça, c’est le patriarcat. Je crois toujours qu’il y a une place pour tout le monde dans notre monde. Il y a une place pour toutes sortes de musiques. Comme la musique faite par les femmes n’était pas correctement représentée parce qu’il y avait tant de femmes qui avaient un succès incroyable, je me suis dit : « Eh bien, faisons-le nous-mêmes! » Et l’énorme succès que ç’a eu a forcé un certain changement. 

Cela dit, tu vas maintenant parler des statistiques et du fait que les choses n’ont pas vraiment changé [rires]. Les choses se sont améliorées. Et quand tu regardes les palmarès en ce moment, c’est dominé par les femmes comme Beyoncé et Taylor Swift, des mégavedettes. Le changement se poursuit. Est-ce que j’aimerais qu’il se produise plus rapidement? Absolument. Le changement est difficile et on doit défaire des milliers et des milliers d’années de patriarcat, mais, honnêtement, si on veut du changement, on doit construire nos propres systèmes et on doit nous soutenir les unes les autres en tant que femmes. 

Je suis sûre que tu as déjà vu des gens prendre l’affiche d’un festival de musique et commencer à enlever les groupes à prédominance masculine. Il ne reste alors plus qu’une page blanche avec peut-être quatre femmes. 

Oui. 

Au cours des 10 dernières années, Keychange a été mis sur pied pour faire pression en faveur d’une équité des genres à 50/50 auprès des organisations et des festivals. Pourtant, un rapport de la BBC datant de 2022 a révélé que seulement 13% des têtes d’affiche britanniques des 50 plus grands festivals étaient des femmes et que la moitié de ces festivals n’avaient aucune tête d’affiche féminine dans leur programmation. Ce que vous avez fait avec Lilith Fair était tellement novateur qu’on aurait pu penser que nous serions plus avancés. 

Oui. Comme j’ai dit, le changement est lent et douloureux. Je pense que nous, en tant que femmes, devons construire nos propres systèmes. Beyonce le fait, Taylor le fait, elles sont leurs propres planètes [rires] et elles ont une tonne de pouvoir. Taylor, en particulier, a ouvert la voie à tant de jeunes artistes, je trouve ça merveilleux. Mais ça prend du temps. Pour moi, la chose la plus importante est que nous, en tant que femmes, si nous avons du pouvoir, nous devons utiliser ce pouvoir pour amener d’autres femmes à nos côtés. 

Tu as vendu une partie de ton catalogue [à Primary Wave], ce qui a servi à financer le fonds de dotation dont tu parlais. L’as-tu fait aussi pour faire confiance à des gens qui ne placeront pas l’une de tes chansons dans une publicité pour la lotion solaire de Trump après ta mort? 

Oui, c’est du bon monde et je les connais assez bien. Je conserve 30% du contrôle. Rien ne se passe sans mon accord ou, si je meurs, celui de ma succession – et je fais confiance aux gens de ma succession. Je me suis d’abord dit que je pouvais garder cet argent ou le mettre à profit maintenant. C’était donc ça l’idée : je vais prendre cet argent maintenant et créer le fonds de dotation pour l’école et commencer à voyager [rires]. 

Tu es encore jeune, alors il y a encore beaucoup de chansons à venir. Quand penses-tu que ton nouvel album sortira?  

À la fin du printemps prochain, je pense. Je crois qu’on fait le mixage en novembre. Il faut quoi, six mois de travail avant de pouvoir le sortir? Les têtes décideuses derrière tout ça vont étudier le meilleur moment pour le sortir.  

Dernières nouvelles
le 04 décembre, 2024

AHI revient sur son interprétation de «Try» devant Blue Rodeo et sur le lien créatif qu’il a noué au CSHF

Nouvelles du PACC
le 14 novembre, 2024

La chanteuse québécoise Marie-Mai parle d’animer la cérémonie du CSHF, de son nouvel album, des arcs-en-ciel et du hockey

Nouvelles du PACC