Figure de proue au Québec, Jean-Pierre Ferland compte parmi les pierres angulaires de la nouvelle chanson québécoise, celle ayant résolu la dualité poésie et modernité.
Jean-Pierre Ferland est né à Montréal le 24 juin 1934. Diplômé de l’École des Hautes Études Commerciales, il travaille comme comptable avant d’entrer en 1956 au service des nouvelles de la Société Radio-Canada. Il commence à écrire des chansons pour « plaire aux filles » et fait sa première apparition télévisée le 5 janvier 1957, à l’émission À la romance, de Radio-Canada. Encouragé par ses collègues de la salle des nouvelles, Ferland enregistre quatre chansons en février 1958 chez London, dont Marie-Ange la douce, Le Chasseur de baleine, L’amure est morte et Tristesse et guitare, pour quitter son emploi peu de temps après.
Avec Clémence Desrochers, Claude Léveillée, Hervé Brousseau, Raymond Lévesque et le pianiste André Gagnon, il ouvre le 14 mai 1959 Chez Bozo, une des premières boîtes à chansons du Québec. Ce lieu devient le rendez-vous phare des artistes locaux et étrangers à Montréal. La même année, Jean-Pierre Ferland enregistre un premier album et retourne à la Société Radio-Canada, cette fois comme compositeur de thèmes d’émissions.
Lancé à l’automne 1961, son deuxième album, qui contient le classique Ton Visage, le fait connaître du grand public. Cette année-là, il anime Visite aux chansonniers avec son pianiste Paul De Margerie.
Après une tournée des provinces maritimes dans le cadre des Fêtes du Centenaire du Canada, le chansonnier lance un autre album qui contient le succès Je reviens chez nous, pièce qui demeure à ce jour un des grands succès de la chanson francophone.
Même après plusieurs incursions menées avec succès en Europe, il décide de tout remettre en question, influencé par le renouveau qui frappe la chanson québécoise en 1968 avec l’arrivée d’un certain Robert Charlebois. L’amour de la chanson et la force de caractère l’emportent finalement sur le découragement. Après une période d’incubation de plusieurs mois en compagnie du musicien et compositeur Michel Robidoux et du réalisateur André Perry, il livre à l’automne 1970 ce qui deviendra une œuvre de référence au Québec : l’album Jaune. Une production, une réalisation, une inspiration à l’image de Abbey Road des Beatles, paru un an plus tôt. Une face entière de Jaune est constituée d’une suite de chansons. Sur cette lancée, Ferland récidive l’année suivante avec un double album de même calibre, Soleil. Indéniablement, Jean-Pierre Ferland a réussi sa mutation et compte parmi les pierres angulaires de la nouvelle chanson québécoise, celle ayant résolu la dualité poésie/modernité qui a trop polarisé la scène musicale de la précédente décennie.
En 1976, Jean-Pierre Ferland participe encore une fois à un événement marquant de l’histoire de l’industrie de la musique au Québec. Le spectacle Une fois cinq réunira Jean-Pierre Ferland sur scène avec des grands de la chanson québécoise dont Robert Charlebois, Gilles Vigneault, Claude Léveillée et Yvon Deschamps. L’événement est aussitôt immortalisé sur disque sous le titre Une fois cinq. L’album remporte le Grand Prix de l’Académie Charles-Cros l’année suivante.
En 1989, Jean-Pierre Ferland écrit, avec Paul Baillargeon, une comédie musicale extravagante sur Salvador Dali : Gala. Il poursuit l’écriture et offre ses chansons à Céline Dion, Catherine Lara, Ginette Reno, Claude Dubois, et plusieurs autres.
Figure de proue au Québec, Jean-Pierre Ferland se voit célébrer par ses pairs à deux occasions : d’abord en février 2004, avec l’album Ferland – Le petit roi et l’année suivante, marquant le 35ième anniversaire de son album légendaire de 1970. Les mots et la musique des bandes originales de Jaune 2005, servent de matière première du remix et du montage électronique et le coffret Jaune – 35 ans édition spéciale offre le contenu du légendaire album en cinq versions et concepts.
Jean-Pierre Ferland présente enfin un concert d’adieu émouvant le 13 janvier 2007.