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Lighthouse

Année de l'intronisation: 2022
Auteurs-compositeurs : Bob McBride, Paul Hoffert, Ralph Cole,
Skip Prokop
Origine: Toronto, Ontario

Reconnu pour sa joyeuse fusion jazz-rock, Lighthouse est un groupe qui n’a pas son pareil. Lighthouse mérite sa place parmi les groupes les plus aimés au Canada et a remporté de nombreux JUNOs et succès sur les palmarès. L’héritage laissé par leurs chansons et leur incroyable talent de musiciens fait encore le bonheur de leurs fans depuis la réunion du groupe en 1992. L’an dernier, Lighthouse célébrait fièrement un demi-siècle de carrière musicale. L’idée de Lighthouse est la création du batteur et auteur-compositeur Skip Prokop (Ronald Harry) dont Bernie Finkelstein a dit qu’il est « un des meilleurs batteurs de notre époque ». Le style emblématique de Prokop, un natif de Hamilton, ON, a été informé par son passage dans les Sea Cadets et un des corps musicaux de la marine royale canadienne. Il a également remporté des championnats de percussions. Ses années en tant que membre du groupe The Paupers lui ont valu le statut de rock star et c’est à lui qu’on a demandé de créer le nouveau groupe de Janis Joplin. Ce mandat l’a toutefois placé dans une position difficile. Travailler avec Janis ou créer sa propre destinée. Il avait un son en tête qui l’intriguait au plus haut point. À quoi ressemblerait la musique d’un quatuor rock si on y ajoutait des cordes et des cuivres et qu’ils fusionnaient jazz, rock et musique classique? Personne n’avait rien fait de tel avant.

Pendant ce temps, le compositeur torontois Paul Hoffert était aux prises avec son propre dilemme. Né à Brooklyn, NY, ses parents et lui se sont installés à Toronto quand il avait 13 ans. Déjà un musicien accompli, il avait enregistré un album jazz avec un groupe doo-wop avant de partir vers le Canada. Il a étudié la composition avec le célèbre Gordon Delamont pendant ses études secondaires, a sorti un album jazz et a été directeur musical d’une émission de la CBC à 16 ans. Il a écrit sa première musique de film à 19 ans tout en étudiant les mathématiques, la physique et la chimie à l’Université de Toronto. En 1968, sa comédie musicale off-Broadway, Get Thee to Canterbury, lui a ouvert un nouveau chemin de carrière, mais on venait également de lui offrir de mettre sur pied un programme d’études en musique dans une université kenyane. Quoi choisir? Il était loin de se douter qu’une autre décision l’attendait au détour.

Pendant que Prokop et Hoffert s’interrogeaient sur leur avenir, Ralph Cole était convaincu d’avoir trouvé sa destinée et que rien ne l’en détournerait. Né à Kalamazoo, Michigan, il avait reçu une guitare pour son huitième anniversaire et savait que la musique était sa destinée. Comme tous les musiciens dévoués, il a étudié sans relâche et passé de longues heures à pratiquer jusqu’à ce que ses doigts volent sur le manche de son instrument. Dès qu’il a pu, il a quitté le secondaire et a commencé une carrière couronnée de succès en jouant dans les clubs du Michigan avec son groupe baptisé Thyme. Prokop a vu Cole sur la scène du Grande Ballroom de Détroit et il a été renversé. Il venait de voir un musicien avec qui il aimerait vraiment jouer et le son unique de Cole ainsi que sa musicalité sont restés gravés dans sa mémoire.

Toutes les pièces du casse-tête flottaient dans les airs quand le destin est intervenu. Prokop et Hoffert ont fait connaissance à New York après le dernier spectacle des Paupers. Ils ont discuté un peu et par pur hasard, ils étaient assis un à côté de l’autre dans l’avion qui les ramenait à Toronto. Le vol leur a offert suffisamment de temps pour parler de musique et de l’idée de Prokop pour un group au son en Cinémascope. Connaissant la réputation de Hoffert comme musicien jazz et compositeur, Prokop lui a demandé s’il aimerait aller dans cette direction avec lui. Et comme le veut l’adage, le reste appartient à l’histoire.

Prokop connaissait la scène rock et Hoffert connaissait les scènes classique et jazz et ils ont assemblé un groupe de musiciens qui comptait entre autres le guitariste Ralph Cole. Les pièces du casse-tête venaient de s’imbriquer. La musique de Lighthouse, une fusion jazz-rock-classique déjantée et entraînante, a pris l’Amérique du Nord d’assaut dès ses débuts en mai 1969 au Rock Pile de Toronto. Ils ont enchaîné avec des prestations au Carnegie Hall et au Boston Pop Festival avant de devenir le premier groupe rock à jouer aux festivals de jazz de Newport et de Monterey. Comme le confiait Prokop à The Record : « Quand Lighthouse a commencé, on jouait du rock fusion avant même de savoir qu’il y avait un genre musical qui s’appelait rock fusion. »

Partout où il passait, le groupe jouait à guichets fermés. « C’était fou partout où on allait, les salles n’avaient jamais rien vu de tel, et elles ne l’ont jamais revu depuis », confiait un jour Prokop à l’historien de la musique Bob Mersereau.

Lighthouse lancera trois albums en très peu de temps et leurs simples Feel So Good et The Chant sont devenus leurs premiers succès nationaux. Hoffert était le directeur musical et il est responsable de la plupart des arrangements sophistiqués, avec des contributions de Prokop et de Howard Shore – aujourd’hui un compositeur oscarisé – sur quelques morceaux. Outre quelques reprises audacieuses comme A Day in the Life des Beatles, Chest Fever du groupe The Band et Eight Miles High des Byrds, la majorité des chansons étaient écrites par Prokop et Hoffert avec la collaboration occasionnelle de Cole, Grant Fullerton, Brenda Hoffert et Peggy Devereux.

Lighthouse était adulé en tant que groupe de scène, mais peu de chansons sur leurs trois premiers albums correspondaient au format radio. En 1970, le producteur new-yorkais Jimmy Einner a aidé le groupe à se réorienter pour écrire les « hits » qui ont permis à Lighthouse de tourner à la radio depuis 50 ans. À la même époque, Lighthouse a fait appel à Bob McBride, originaire de Toronto, dont la voix distinctive est devenue emblématique du son Lighthouse.

Bob McBride faisait partie des la cohorte de jeunes musiciens attirés par la scène de Yorkville au début des années 60. Après plusieurs années sur la route avec Ronnie Hawkins et des études en chant avec Johnny Mathis, il avait développé son propre style. McBride avait une palette vocale impressionnante et il s’attaquait à une chanson avec tantôt une ferveur évangélique où ses notes étaient stratosphériques, tantôt avec un ronronnement qui caressait son texte amoureusement.

Ce changement de direction a permis au groupe de lancer son premier succès au Top 10, le Classique de la SOCAN Hats Off to the Stranger écrit par Prokop, McBride et Peter McGraw. La joyeuse et jazzy One Fine Morning de Prokop atteindra la deuxième position du palmarès RPM et la 24 chez Billboard.

Lighthouse était sur une lancée : des prix JUNO trois années consécutives de 1972 à 1974, en plus d’un JUNO individuel pour Bob McBride. Leur album « live » au Carnegie Hall a marqué une autre première pour un groupe canadien en devenant certifié platine. Parmi les autres réussites du groupe, citons des spectacles en compagnie d’orchestres symphoniques au Canada et aux États-Unis ainsi qu’une collaboration entre Lighthouse et le Royal Winnipeg Ballet qui a donné lieu au premier ballet rock intitulé Ballet High qui a fait le tour du pays à guichets fermés.

L’album « Sunny Days » (1972) atteindra le Top 10 des albums de RPM tandis que la joyeuse pièce titre (écrite par Prokop) atteindra la 34e position chez Billboard, la 10e chez CHUM et la 4e chez RPM.

Parmi les autres simples à succès de Lighthouse, mentionnons Take It Slow (Out in the Country) de Cole en collaboration avec Keith Jollimore et Larry Smith, Pretty Lady de Prokop – un Classique de la SOCAN – et I Just Wanna Be Your Friend de McBride et Prokop. Cinq des albums de Lighthouse s’inscriront dans le palmarès Billboard 200.

Après d’interminables tournées au Canada et aux États-Unis, une prestation au festival Isle of Wight et une tournée au Japon, le groupe s’est séparé en 1976. Ils se réuniront pour un week-end au Ontario Place en 1982, mais il faudra une autre décennie avant leur prochaine réunion sous forme d’un puissant groupe de 10 musiciens incluant Prokop, Hoffert, Cole et McBride.

McBride sera rapidement remplacé par Dan Clancy qui avait un don unique pour capturer le son dynamique de Lighthouse tout en maintenant son propre style, ce qui lui a permis d’être la figure de proue du groupe depuis 30 ans. Le groupe actuel a connu peu de changements depuis sa reformation, mais avec le décès de Skip Prokop en 2017 et le récent départ à la retraite de Ralph Cole (guitare) et Steve Kennedy (saxes et flûte), la famille Lighthouse comprend désormais Marc Ganatakos (guitare) et Michael Stuart (saxes et flûte) et Paul DeLong qui partage le trône de la batterie avec Jamie Prokop. Le membre original Paul Hoffert (claviers et vibraphone), ainsi que Doug Moore (basse), Don Paulton (claviers), Russ Little (trombone), Chris Howells (trompette), Simon Wallis (saxes et flûte) viennent compléter l’alignement. La sortie en 1994 de Remember the Times (écrite par Prokop et Moore), tirée de l’album Song of the Ages, a été un succès dans le top 40, suivie de la jolie ballade Fine China. La quarantième année de Lighthouse a été marquée par la sortie de Forty Years of Sunny Days, une compilation comprenant 16 succès classiques ainsi qu’un DVD du groupe actuel interprétant ces mêmes succès. Un nouvel album double doit voir le jour cet automne.

Tout en maintenant un calendrier de tournées avec Lighthouse, Prokop, Hoffert, Cole et McBride ont continué à élargir leurs horizons.

Cole a créé une société de production de « jingles » à succès, a produit de nombreux artistes dont Shirley Eikhard et était un musicien de séance recherché. L’un de ses « jingles » est devenu si populaire qu’il a été enregistré comme un simple intitulé It Don’t Matter et est resté dans les palmarès pendant des mois.

Bien qu’il se produise toujours activement avec Lighthouse, il profite de la vie en tant que musicien semi-retraité.

McBride a sorti plusieurs simples, comme le succès Pretty City Lady, et plusieurs albums solos dont l’un a été certifié or. Il a lutté pendant des années contre de multiples problèmes de santé liés à sa dépendance, mais bien qu’il ait finalement vaincu sa dépendance, sa santé a été compromise et il est mort en 1998.

Hoffert a créé un centre de recherche à l’Université York dans les années 80 et son expertise en matière de droit d’auteur numérique lui a valu des postes de professeur à l’Université Harvard et à l’Université de Toronto. Il continue à composer et à diriger des musiques originales pour le cinéma et la télévision. Son album « Concerto for Contemporary Violin » de 1979 a remporté le JUNO de la meilleure ingénierie sonore tandis que la coédition Hoffert-Hoffert, « I Lost My Pet Lizard », a reçu une nomination aux JUNO en 1980. La récente parution de Gelcer-Hoffert en 2018, « Jim and Paul Play Glenn and Ludwig », a été numéro un dans les palmarès jazz et classique. Hoffert a été reçu dans l’Ordre du Canada en 2004 pour ses contributions à la musique et aux arts.

Prokop a sorti plusieurs albums, dont « Smoothside », qui a été récompensé par le prix de l’Album de jazz de l’année aux Hamilton Music Awards 2012. Il était producteur, musicien de studio et animateur d’émission de radio avant de décéder en 2017. Un cadre de l’industrie musicale, Duff Roman (David Mostoway), a déclaré à Billboard, « Skip était la force motrice – un superbe batteur et un auteur-compositeur prolifique – qui avait le talent génial et l’énergie implacable pour laisser sa marque sur la scène musicale nord-américaine. »

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