Le monde a bien changé | Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens
Toutes chansons intronisées
« Je suis assis dans mon salon et je lis ce poème intitulé Le monde a bien changé. Me vient spontanément cette ligne mélodique : Le monde a bien changé, changé, changé! Roland et moi partons à rire; c’est bon signe! »
Le monde a bien changé
  • Année de l'intronisation: 2022
  • Année de composition: 1977
Auteurs-compositeurs
Gérald Leblanc Parolier
Pierre Robichaud Compositeur
Artistes
1755
Toutes les chansons portent une histoire et Le monde a bien changé du groupe acadien 1755, écrite par Gérald Leblanc et composée par Pierre Robichaud, ne fait pas exception à cette règle.

La grande amitié créative et musicale entre Gérald Leblanc, Roland Gauvin et Pierre Robichaud, auteurs et compositeurs principaux des chansons de 1755, a débuté dans les années 1970.

Pendant une fête, Roland Gauvin et Pierre Robichaud se retrouvent avec une douzaine de personnes… dans une salle de bains! Gauvin jamme avec un autre musicien; pendant une pause de ce dernier, Pierre saisit sa guitare et se met à jouer en duo avec Roland. « Il y a eu des étincelles quand on s’est mis à jouer ensemble dans ce party de salle de bains! », se remémore avec émotion Robichaud. Nos deux voix s’harmonisaient tellement bien, Roland est tout un chanteur. Une belle chimie s’est vite installée entre nous ».

En janvier 1977, ayant jugé que leur répertoire était suffisamment étendu, les membres de 1755 se produisent au Chris Rock Tavern, l'établissement qui était le plus loyaliste de Moncton, où ils se font intimider et physiquement menacer parce qu’ils chantent en français… « Après le spectacle, des gens nous attendaient dans le stationnement pour nous faire un mauvais parti. Heureusement, après deux ou trois soirs, les Anglos ont compris que nous n'étions pas une menace et que notre musique était universelle » confiait Roland Gauvin au journal Le Devoir du 14 août 2009.

Avec ses chansons endiablées (inspirées du folk, du country et du rock) racontant la réalité quotidienne des Néo-Brunswickois francophones dans la langue de leur quotidien, 1755 a rendu possible une prise de conscience de l’identité francophone dans les Maritimes. « 1755 a grandement contribué à la réinvention de l'identité acadienne en construisant un récit qui reflétait la réalité contemporaine des Acadiens et en renégociant ce qu'on considérait comme étant une musique "acadienne". Ainsi, les consommateurs acadiens accordèrent une importance idéologique à cette musique qu'ils percevaient non comme une musique commerciale proprement dite, mais plutôt comme un symbole de leur émancipation culturelle », fait valoir Sylvie Leblanc dans son mémoire « Le monde qu'on connaît: The Music of 1755 and the Construction of Acadian Identity ».

Un jour, Robichaud et Gauvin demandent au regretté grand poète acadien Gérald Leblanc, dont ils avaient découvert l’œuvre à l’université, de leur envoyer quelques-uns de ses poèmes afin qu’ils les mettent en musique. Le poète accepte leur invitation et leur soumet plusieurs poèmes; le reste appartient à l’Histoire : « Je suis assis dans mon salon et je lis ce poème intitulé Le monde a bien changé. Me vient spontanément cette ligne mélodique : Le monde a bien changé, changé, changé! Roland et moi partons à rire; c’est bon signe! Et on a réussi à composer deux autres chansons cet après-midi-là! »

« L’aventure de 1755 a commencé tellement vite! On est passé de band de taverne à groupe qui remplissait les plus gros arénas du Nouveau-Brunswick! On jouait six soirs par semaine et on pratiquait du lundi au vendredi, de 9 h 30 à 15 h 30. On a dû écrire beaucoup de chansons en très peu de temps : on en composait une durant la journée et le soir même, on l’essayait devant le public. Si la réaction n’était pas bonne, on la mettait de côté! » poursuit Pierre Robichaud.

Le monde a bien changé, c’est l’histoire d’un homme qui apprend à mieux vivre et à mieux aimer grâce à l’amour de la femme qu’il a rencontrée. « En fait, ce n’est pas tant le monde autour de lui qui change, mais le regard qu’il porte dessus, à travers le prisme de l’amour », précise Pierre Robichaud. Et parce que c’est d’abord et avant tout une chanson d’amour, l’auteur-compositeur-interprète s’est inspiré de quelques grands succès du début des années 1960 pour la progression d’accords, dont Last Kiss de Wayne Cochran.

La complicité créative entre Gérald Leblanc, Roland Gauvin et Pierre Robichaud aura engendré presque la moitié du répertoire de 1755, dont plusieurs figurant parmi les plus populaires et mémorables du groupe.

Originaire de Bouctouche (Nouveau-Brunswick) et décédé le 30 mai 2005 à l’âge de 59 ans, Gérald Leblanc est un poète, un auteur et un parolier prolifique ayant beaucoup influencé la vie culturelle acadienne. En plus de 1755, des groupes et artistes tels Idée du Nord et Marie-Jo Thério ont interprété ses chansons. « En tant qu'écrivain, il a publié une quinzaine de recueils de poésie et a également contribué à des textes de théâtre, des traductions, des textes radiophoniques et des anthologies. Sa poésie décomplexée revendique la présence de l'Acadie au sein de la modernité et de la francophonie en tant que culture au caractère unique et cosmopolite, une démarche qui, pourrait-on dire, fait écho à celle du groupe 1755, avec ses fusions modernes de rock des années 70 avec les saveurs du folklore acadien », écrit par Sara Boudreau, dans son texte l'Oeuvre de Gérald Leblanc, pour le livre de Le Groupe 1755 Ltée, Les Chansons du groupe 1755.

Encore aujourd’hui, 45 ans après sa création, lorsque le groupe 1755 interprète Le monde a bien changé sur scène, des spectateurs s’étendant sur quatre générations connaissent ses paroles par cœur. N’est-ce pas le propre des grandes chansons de traverser ainsi le temps?

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Le monde a bien changé
1755 - Live in Moncton, 1994
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