Intronisée aux panthéons des Grammy et du Rock and roll, on attribue à Born to Be Wild la paternité du nom du genre musical heavy metal et, grâce à Easy Rider, elle est en quelque sorte devenue l’hymne de tous les motocyclistes.
Lorsque Bonfire s’est établi en Californie à la fin des années 60 dans l’espoir d’y faire carrière en solo, il adorait se balader dans les magnifiques paysages de l’état à bord de sa vieille Ford Falcon. Un jour, alors qu’il traversait un orage, le terme « heavy metal » (métal lourd), qu’il avait appris à l’école à cause du tableau périodique des éléments, lui est venu en tête. C’est ainsi que sont nées les strophes « Heavy metal thunder/Racin’ with the wind ».
Il nous raconte la suite des choses : « J’ai présenté Born To Be Wild à trois ou quatre éditeurs, mais personne n’était intéressé... Quelques mois plus tard, Steppenwolf m’a demandé si j’avais des chansons à leur proposer. C’est à ce moment-là que je leur ai proposé Born to be Wild. » L’interprétation qu’en a faite le groupe était bien plus rapide que la ballade folk imaginée par Bonfire, mais l’arrangement turbulent est devenu le premier « hit » de Steppenwolf et de Bonfire.
Steppenwolf a enregistré Born to be Wild à Los Angeles en compagnie du producteur Gabriel Mekler et elle allait être lancée comme premier extrait de leur premier album éponyme en janvier 1968 (Dunhill/ABC 4138). La voix éraillée du chanteur John Kay, les guitares électrisantes et les puissants « riffs » d’orgue sont devenus la parfaite expression de la révolution contre-culturelle des années 60. Au Canada, elle a atteint le sommet du palmarès CHUM Radio en juillet de la même année et celui du palmarès RPM au début du mois de septembre. Le magazine Billboard l’a choisie comme simple ayant le plus de potentiel de se rendre en première position. Ce fut presque le cas : elle a culminé en 2e position en août 1968, devancée seulement par People Got to Be Free des Rascals.
Son succès a continué sans interruption tout au long de 1968 et 1969. Elle a terminé en 14e position des 100 meilleurs simples de 1968 selon RPM. En 1969, elle a reçu un BMI Award et la version de Wilson Pickett (Atlantic 2631-M) s’est inscrite au palmarès Hot 100 de Billboard. C’est toutefois le film « Easy Rider » — et la version de sa trame sonore à laquelle on a rajouté des bruits de moto - qui a assuré à la chanson sa place dans la culture populaire.
John Kay, plus tard intronisé au Panthéon de la musique canadienne, a expliqué en ces mots le succès de la pièce dans une entrevue accordée au magazine Rolling Stone : « Chaque génération croit qu’elle est “born to be wild” et s’identifie à cette chanson et en fait son hymne. » C’est pour cela que Born to be Wild s’est inscrite en 130e position des meilleures chansons de tous les temps de la publication et en 24e position du Top 100 Cancon de 1964 à 1996.
En 1988, M.C. Shan a vu son simple Born to be Wild, qui échantillonnait l’originale, s’inscrire au palmarès Billboard. Parmi les autres artistes qui ont repris la pièce, on retrouve U2, Slade, Blue Öyster Cult, Crowded House, Dr. & The Medics, INXS, Jive Bunny & the Mastermixers, Steve Martin, Ozzy Osbourne, Hampton String Quartet, Riot et The Ventures. La pièce a également été utilisée dans des messages publicitaires de voituriers.
Bien qu’elle demeure à ce jour un « must » pour les amateurs de moto - particulièrement les amateurs de Harley Davidson —, on a également pu entendre cette chanson dans des films comme Stuart Little 2, Wild America, Neverending Story III et Recess : School’s Out.
Le guitariste et auteur-compositeur Dennis McCrohan, également connu sous les noms de Dennis Edmonton et Mars Bonfire, est né à Oshawa, en Ontario, en 1943. Il a été membre du groupe blues torontois Sparrow au milieu des années 60 avant de poursuivre une carrière d’auteur-compositeur et de musicien de studio en Californie, tandis que le reste du groupe est devenu Steppenwolf. McCrohan/Bonfire a reçu le Prix Empreinte culturelle de la SOCAN en 2015.