Ruth Lowe a écrit cette chanson à l’âge de 25 ans alors qu’elle venait tout juste de devenir veuve après la mort de son mari, Harold Cohen, durant une chirurgie de routine en 1939. S’étant tournée vers le piano pour exprimer sa peine, elle a un jour déclaré au Toronto Daily Star, « cette ballade prenait toute la place dans mon esprit et elle guidait mes doigts sur les touches du piano. »
C’est le populaire chef d’orchestre torontois Percy Faith qui sera le premier à interpréter la chanson à la radio : Lowe raconte : « Je travaillais pour la CBC à l’époque. Il est venu en studio un jour et il nous a entendus répéter la chanson et l’a plutôt aimée, alors il nous a demandé s’il pouvait l’interpréter pour nous. » Faith s’est chargé des arrangements pour un orchestre et l’a diffusée durant son émission « Music by Faith ».
Plus tard, lors du passage à Toronto du célèbre chef d’orchestre Tommy Dorsey à l’exposition nationale canadienne, Lowe a présenté un enregistrement sur acétate au musicien après l’avoir attendu à l’entrée des artistes afin de la lui remettre.
Dorsey a tout de suite compris que c’était un moment idéal pour lancer une chanson parlant de séparation et de deuil alors que le Canada était en guerre et que les États-Unis étaient sur le point de lui emboîter le pas. Il a assuré la publication de la partition et c’est Glenn Miller qui a d’abord interprété la chanson à la radio avant de l’enregistrer en studio en 1940.
Entre temps, en avril 1940, Dorsey est entré en studio avec un jeune chanteur qu’il venait tout juste d’embaucher. C’est donc en compagnie de Frank Sinatra que Dorsey enregistra le 78 trs (Victor 26628-A) et quelques mois plus tard, en juillet, il deviendra le premier disque No. 1 de Sinatra ainsi que le tout premier No. 1 sur le tout nouveau palmarès Billboard où il passera 12 semaines, raflant un Prix ASCAP au passage.
Bon nombre des artistes les plus en vue de l’époque interpréteront la pièce en 1940, incluant Gene Autry, The Ink Spots et la chanteuse britannique Vera Lynn. De nouvelles éditions de la partition incluront des photos de chefs d’orchestre comme Horace Lapp du Royal York Hotel de Toronto ou du Britannique Jack White, et Lionel Parent l’enregistrera en version française sous le titre Je ne sourirai plus.
Dès 1941, on entendra I’ll Never Smile Again au cinéma interprétée par Sinatra, Jo Stafford and The Pied Pipers dans « Las Vegas Nights », puis en 1942 par Jack Benny dans le film « George Washington Slept Here ».
La chanson est demeurée très populaire même dans les années 50 grâce à des versions jazz, pop et R&B par Sarah Vaughan, Billie Holiday, Big Joe Williams et Tab Hunter. Dans les années 60, The Platters s’inscrira au Top 30 avec leur version, et des artistes comme The Wanderers, The Ray Charles Singers et le Français BouLou Ferré lanceront leurs propres versions. Sinatra a réenregistré deux autres fois la chanson qui a lancé sa carrière, la première fois en 1959 sur son album « When No One Cares » puis en 1965 pour son album couronné d’un prix Grammy, « A Man and His Music ».
Au fil des décennies, I’ll Never Smile Again sera reprise par Ronnie Aldrich, Ames Brothers, Anita Kerr Singers, Count Basie, Dave Brubeck, Eddie Arnold, Fats Waller, The Four Aces, Al Martino, Carl Perkins, George Shearing et Keely Smith, entre autres. Les Australiens de Daddy Cool en feront un « hit » en 1972, ainsi que Cleo Laine et Barry Manilow.
Parmi les artistes canadiens qui ont interprété la ballade intemporelle de Lowe, on pense à Michael Bublé, The Susie Arioli Swing Band, Oscar Peterson, David Clayton-Thomas et Kim Stockwood.
Au cinéma, on a également entendu cette chanson dans les films « Good Morning, Vietnam » et « The Colour of Money », tandis qu’au petit écran, elle a figuré dans « The Fugitive », « McHale’s Navy », « Leave It to Beaver » et dans les émissions de variétés d’Ed Sullivan, Perry Como et Lawrence Welk.
Un an après la mort de Lowe, I’ll Never Smile Again a été intronisée au Grammy Hall of Fame.
Ruth Lowe (1914 - 1981) est née à Toronto. Pianiste dans les boîtes de nuit et à la radio, Lowe a également écrit la chanson de clôture des spectacles de Frank Sinatra, Put Your Dreams Away (For Another Day), également intronisée au PACC.
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