Raôul Duguay a vu le jour à Val d’Or en Abitibi « … le 13 février 1939 », comme il se plaît à le chanter dans sa mythique chanson autobiographique La bittt à Tibi, parue sur Alllô Toulmond, son premier album solo en tant que chanteur populaire. Cette pièce d’influence folklorique mélange le traditionnel avec le rock progressif bien moderne de l’époque et reste à ce jour un classique de la chanson québécoise. Bien que la chanson rend hommage à la région de l’Abitibi, il n’est pas exagéré de dire que La bittt à Tibi soit devenue une pièce emblématique presque instantanément au Québec. Aucune autre région du Québec n’a été chantée avec autant de passion.
Située dans le nord-ouest québécois, l’Abitibi (maintenant l’Abitibi-Témiscamingue) est une vaste région couverte d’immenses espaces largement intacts dominés par forêts et lacs et richement dotée en ressources minières et forestières. L’Abitibi compte environ 100 ans de colonisation et 8 000 ans d’histoire amérindienne. Avec une grande part des revenus tirés de la foresterie, l’agriculture s’y est développée vers 1911. En 1923, la découverte du gisement de la future mine de Noranda a attiré les prospecteurs en quête d’or et les colonisateurs venus de partout au Canada et de l’Europe.
Avec La bittt à Tibi, Raôul Duguay nous ramène dans sa ville de l’Abitibi et rend hommage à ces bûcherons et mineurs qui, à la sueur de leur front, ont bâti l’économie de la région et du Québec. Duguay se rappelle également les rivières, les bleuets, les forêts et les durs hivers. Les calembours et paroles colorés de la chanson nous décrivent la vie quotidienne de son enfance, une enfance baignée dans la nature, le bonheur, le courage et la pauvreté.
Tout récemment reprise sur disque et en vidéoclip avec très grand succès par Raôul Duguay et l’artiste Hip-Hop Anodajay, également originaire de l’Abitibi, la chanson a été rebaptisée Le beat à Ti-Bi. Une dizaine d’autres versions de La bittt à Tibi ont été enregistrées sur des disques d’interprètes reconnus, mais celle de Raôul Duguay est celle dont l’écho porte le plus loin.