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« Let Me Fish Off Cape St. Mary’s est la chanson folklorique emblématique de Terre-Neuve! Elle incarne tous les éléments de cet endroit que nous chérissons profondément. »
Let Me Fish Off Cape St. Mary’s
  • Année de l'intronisation: 2025
  • Année de composition: 1947
Auteurs-compositeurs
Otto Kelland Auteur-compositeur
Artistes
Otto Kelland
L’île de Terre-Neuve possède un patrimoine musical exceptionnellement riche. L’une des chansons les plus aimées de la province est la magnifique ballade Let Me Fish Off Cape St. Mary’s, écrite par Otto Kelland, un natif de l’endroit, en 1947.

La composition de Kelland est aujourd’hui solidement ancrée dans le répertoire traditionnel de Terre-Neuve.

Kelland a été inspiré après avoir rencontré un très jeune pêcheur sur le front de mer. Ce pêcheur, en proie à une profonde nostalgie, lui raconta qu’il travaillait au large de Boston, mais qu’il préférerait pêcher dans sa propre doris au large de St. Mary’s et ne manger qu’un seul repas par jour, plutôt que d’avoir trois repas quotidiens dans une grande ville.

Kelland a donc écrit cette chanson lente et empreinte de mélancolie du point de vue d’un pêcheur d’un village côtier, un mode de vie que lui-même connaissait bien, étant Terre-Neuvien de naissance. Les paroles poignantes reflètent les conditions de travail difficiles des pêcheurs, où la mort en mer est un danger réel, tout en peignant un portrait évocateur de Cape St. Mary’s vu depuis une doris : brouillard, oiseaux marins et falaises escarpées à la pointe sud-ouest de la péninsule d’Avalon.

Les paroles très appréciées de Let Me Fish Off Cape St. Mary’s utilisent des termes bien connus des Terre-Neuviens, comme "Western boat" (schooner de pêche), "combers" (longues vagues roulantes), "caplin" (espèce de poisson), "dory" (petit bateau de pêche), "Cape Ann" (couvre-chef en toile cirée) et "hag-downs" (oiseau marin).

Le talent de Kelland pour l’écriture se manifeste aussi dans le choix d’une échelle musicale hexatonique majeure à intervalles, comportant seulement six notes, qui donne à la mélodie une couleur résolument celtique. La structure de la chanson est également soignée : six couplets de six lignes, sans refrain. Chaque deuxième ligne de couplet est répétée à la fin, et les dernières notes, répétées, sonnent comme le glas d’une cloche funèbre.

Il n’est donc pas surprenant que cette composition ait été adoptée dans tout le Canada.

Aujourd’hui reconnue à l’échelle nationale, Let Me Fish Off Cape St. Mary’s a su prospérer. Les débuts de la chanson restent enveloppés de mystère, mais elle s’est sans doute répandue localement à travers les veillées de cuisine et autres rassemblements, dans un contexte où, dans les années 1940, l’électricité, la radio et les enregistrements étaient rares. Avec l’arrivée de l’électrification et de la radio de Radio-Canada dans les régions rurales, les occasions d’entendre et d’apprendre la chanson se sont multipliées.

Le renouveau de la musique folk à cette époque a suscité un intérêt accru pour les chansons traditionnelles des provinces de l’Atlantique. Des chercheurs se sont rendus dans des villages éloignés comme Cape St. Mary’s pour y collecter des chansons. L’un d’eux, Kenneth Peacock, a entendu la chanson interprétée par des chanteurs locaux lors d’un travail de terrain en 1951. Il a ensuite transmis sa recherche à l’homme d’affaires Gerald Doyle, qui l’a publiée dans l’édition 1955 de son célèbre recueil Old-Time Songs and Poetry of Newfoundland.

Bien qu’aucun enregistrement de la chanson n’ait encore été fait, sa diffusion s’est poursuivie grâce à deux autres recueils de chansons : Favourite Songs of Newfoundland en 1958 par Alan Mills, avec des arrangements de Peacock, puis The Folksinger’s Passport to Canada en 1964.

La popularité de la chanson a explosé après la distribution du recueil d’Alan Mills dans les écoles canadiennes. Le premier enregistrement connu date de 1962 : l’album Songs of the Anchor Watch, une collection de chansons d’Otto Kelland interprétées par Leonard Meehan (Citadel, CTL111).

Par la suite, de nombreux musiciens ont enregistré leur propre version : Dick Nolan (version country en 1963), la chorale CJON de St. John’s, l’acteur Gordon Pinsent (1968), le musicien folk Harry Hibbs (1971), et plus récemment Kim Stockwood, la chanteuse jazz Heather Bambrick et le groupe folk Rum Ragged (nominés aux Junos).

Parmi les premiers musiciens "venus d’ailleurs" à l’interpréter, on compte Omar Blondahl (1971) et la fanfare de la GRC. Le groupe Ryan’s Fancy l’a chantée à la télévision en 1977, puis devant la reine Elizabeth II. Denis Ryan en a aussi proposé une version émotive dans un style irlandais traditionnel. L’intronisé au Panthéon Stan Rogers l’a enregistrée en 1983, et la violoncelliste Ofra Harnoy, lauréate d’un Juno, en a proposé une version instrumentale.

Fait intéressant, Let Me Fish Off Cape St. Mary’s a aussi été utilisée comme chanson de protestation après l’arrêt brutal de la pêche à la morue imposé par le moratoire de 1992.

La fille de Kelland, Jocelyn Kelland, déclarait dans une entrevue : « C’est réconfortant de voir que cette chanson et ses œuvres touchent encore les gens aujourd’hui. »

Otto Kelland — auteur-compositeur, écrivain et constructeur de maquettes de bateaux — est né en 1904 dans le village côtier de Lamaline, à Terre-Neuve. Membre de l’Ordre de Terre-Neuve-et-Labrador et de l’Ordre du Canada, il a été policier puis directeur d’un pénitencier. Il est décédé en 2004.

Texte par Betty Nygaard King

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